Shut up and play…
“Shut up and play the piano” est un film qui retrace le parcours de Chilly Gonzalez, génial pianiste hors normes et hors codes qui invente de nouveaux répertoires, construit de nouveaux ponts, et trace sa route en laissant de côté les questions inutiles. Il se tait (enfin pas tant que ça!) et joue du piano.
En voyant son “Gonservatory” qui imagine de nouvelles manières de créer de la musique en groupe, on pense à la Factory d’Andy Warhol par la diversité des artistes, l’absence apparente de normes contraignantes, et la stimulation systématique des talents et énergies individuelles, qui rassemblées, font jaillir des choses qu’aucun d’eux n’aurait imaginées ni anticipées.
En écoutant sa Masterclass du 3 décembre 2020 sur les chants de Noël, le style majeur ou mineur et les arpèges, on se régale des variations infinies qui existent sur des thèmes mille fois entendus.
Et en entendant son quintet avec piano - mis en scène par le Palmashow - on s’émerveille de ne plus savoir à quelle époque ni où l’on se trouve, tellement ses trouvailles dépassent les notions de temps et d’espace.
Pour laisser émerger notre créativité, il y a un moment où “se taire et faire” est la meilleure voie. En se taisant, on fait taire les doutes, les questions inutiles, les jugements hâtifs, et en faisant, on laisse le champ libre aux sensations, aux tests, aux expériences créatives, aux réalisations qui nous font avancer.
A la manière de Pierre Soulages qui affirmait “C’est ce que je fais qui me montre ce que je cherche”.
Et en suivant le conseil de Sol Lewitt à Eva Hesse : “Cesse un peu de penser, de t’inquiéter, de te méfier, de douter, de t’effrayer, de peiner, d’espérer une issue facile, de lutter, de te cramponner, de t’embrouiller, de gratter, de griffer, de marmonner, de bafouiller, de grogner, de te rabaisser, de broncher, de marmotter, de grommeler, (…), de trimer encore et encore. Arrête – et contente-toi de FAIRE !”
Quand j’arrête de me poser des questions inutiles, je prends un ordinateur et j’écris ce post. Je ne savais pas vraiment ce que j’allais écrire au moment de le commencer. Ou alors je prends mon violon et je joue des notes au hasard, en laissant les sons vibrer et se propager dans moi et autour de moi.
Et vous, que se passe-t-il quand vous vous taisez et que vous faites, sans vous poser de questions et sans émettre de jugements ? Que va-t-il émerger de votre élan créatif?