En avant, Maestra!

Quel plaisir de voir enfin des femmes se saisir de rôles auparavant réservés aux hommes, et des hommes laisser la voie libre aux femmes ! Cheffe d’orchestre est une orthographe qui continue à étonner, choquer, interpeler, et le titre “Maestra” n’est pas souvent prononcé par les musiciens d’orchestre. Et pourtant. Pourquoi n’y aurait-il pas des talents inouïs de direction d’orchestre chez les femmes, et de nouvelles interprétations à créer, en laissant le champ libre à davantage de diversité et de mixité à la tête des orchestres ?

Dans les entreprises, on trouve le même phénomène : les dirigeantes sont aussi rares que les cheffes d’orchestre et dans le classement des “100 meilleurs patrons du monde”, on ne trouve que 4 femmes en 2019.

Alors réjouissons-nous de toutes les initiatives qui stimulent et mettent en lumière les cheffes d’ochestre et les cheffes d’entreprises !

1/ Les programmes dédiés

Il faut parfois des scènes dédiées et des programmes sur mesure pour repérer et stimuler les talents féminins, comme par exemple “La Maestra”, concours international de cheffes d’orchestre. On découvre dans cette vidéo Glass Marcano, jeune cheffe vénézuélienne repérée par le concours de femmes chefs d’orchestre. Si vous étiez dans l’orchestre, je n’ai aucun doute sur le niveau d’engagement que vous montreriez !

Dans les entreprises, les programmes dédiés peuvent être de vrais moyens de repérer et de systématiser l’accompagnement des talents féminins : le programme EVE chez Danone, SNCF au féminin, Energies de Femmes chez EDF, le cercle InterElles chez Engie… et de très nombreux autres réseaux. Ils ne sont évidemment pas suffisants, mais peuvent fournir un socle utile sur lequel appuyer la mise en pratique.

2/ Les quotas, réelle accélération des processus

La loi Copé-Zimmermann en 2011, en imposant au moins 40% du sexe sous-réprésenté dans les conseils d’administration, a permis l’accélération très nette de la féminisation des boards en France. Mais ce n’est pas encore le cas des comités exécutifs et des postes de CEO : en 2020, 100% des patrons du CAC40 sont des hommes, et les femmes présentes dans les comités de direction de ces entreprises se comptent sur les doigts d’une main. A partir de là, on voit mal comment se passer des quotas pour faire changer les habitudes…

3/ Chasser les résistances

Les résistances à la féminisation sont loin d’être exclusivement masculines. Elles viennent tout aussi souvent des femmes elles-mêmes, soit parce qu’elles manquent de figures emblématiques sur lesquelles s’appuyer pour se projeter dans ces rôles de direction, soit parfois par esprit de compétition - “j’ai lutté dur pour arriver jusqu’ici, il n’y a pas de raison que ce soit facile pour les suivantes, ni que l’on me prenne ma place”-. Soit encore parce que, comme le dit Spiderman, “with great power comes great responsibily” et les responsabilités peuvent inquiéter et isoler… surtout si l’on manque de repères et de figures emblématiques, ou encore simplement par crainte du changement, quel qu’il soit. Dans cette vidéo, on entend Véronique Lacroix, cheffe d’orchestre québécoise, expliquer que les résistances qu’elle rencontre depuis 30 ans viennent plutôt des femmes.

« Il faut oser d’abord, doser ensuite »
— Karin Viard

4/ Oser demander

Le coeur du sujet est peut-être là : que les femmes osent demander ce que les hommes demandent plus facilement. Car l’accès aux fonctions très exposées commence bien par la manifestation d’une ambition et l’expression d’une demande.

« On ne se donne le droit que si on est meilleure » témoigne Claire Gibaut, cheffe d’orchestre et fondatrice du Paris Mozart Orchestra, dans l'épisode #77 du podcast Génération XX ici. Première femme à diriger l’Orchestre de la Scala et les musiciens de la Philarmonie de Berlin, elle raconte comment sa passion et son talent lui ont permis de s’imposer dans un monde qui a priori ne lui ressemblait pas.

Si la loi de l’attraction - “demandez et vous recevrez” - est vraie, il s’agit donc de demander beaucoup plus, y compris et surtout quand on ne coche pas 100% des cases, quand on n’est pas totalement confiante, ou que l’on n’est pas certaine de l’emporter !

Alors reprenons le mantra de Sheryl Sandberg: “En avant toutes !”, et hissons des patronnes au sommet du CAC40 et des cheffes dans les orchestres de premier plan !

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